Introduction :
: La relation entre le tabagisme et la survenue et l’aggravation des rhumatismes inflammatoires chroniques a fait l’objet de plusieurs études qui ont confirmé cette association. Notre étude avait pour objectif d’étudier le profil des patients tabagiques et d’évaluer l’impact du tabac sur le rhumatisme psoriasique (RP).
Matériels et méthodes :
Nous avons mené une étude rétrospective transversale monocentrique colligeant les dossiers des patients atteints de RP validant critères CASPAR sur une période allant de 2016 à 2022. Nous avons divisé la population en deux sous-groupes :
G0 : patients n’ayant jamais fumé, et G1 : patients fumeurs (actuels ou sevrés).
Les données démographiques, cliniques, biologiques, radiographiques et les modalités thérapeutiques ont été recueillies et comparées entre les 2 groupes.
Résultat :
On comptait 37 patients au total avec un sex ratio de 2,1. Dix-neuf patients (51,4%) étaient tabagiques avec une moyenne de 34,35 ± 63,78 paquet-années. Un sevrage tabagique était noté dans 4 cas.
En comparant G0 et G1, il n’y avait pas de différence concernant : l’âge (57,73 ± 14,33 ans vs 51,57 ± 13,75 ans, p=0,255), l’âge moyen de début de la maladie (45,50 ± 12,66 ans vs 41,10 ± 15,90, p=0,426) et la durée d’évolution (192,00 ± 120,00 mois vs 125,68 ± 112,88 mois, p=0,152). Tous les patients de G1 étaient des hommes (p<0,001). L’IMC moyen était de 30,05 ± 7,81 kg/m² dans G0 et de 25,13 ± 4,21 dans G1 (p=0,301).
Les fumeurs avaient une CRP plus élevée (42,42 ± 38,81 mg/l vs 35,81 ± 37,38 mg/l, p=0,048).
Il n’y avait pas de différence entre les groupes concernant les scores DAS28-CRP, BASDAI, ASDAS et DAPSA (4,06 ± 1,43 vs 4,55 ± 1,63, p=0,447 ; 5,47 ± 7,65 vs 4,36 ± 1,59, p=0,632 ; 2,69 ± 1,21 vs 2,74 ± 1,15, p=0,945 et 37,70 ± 32,09 vs 40,67 ± 41,73, p=0,879 respectivement).
Le profil immunologique était comparable entre les deux groupes (FR, les ACPA et les AAN étaient positifs dans 27,3%, 18,2% et 18,2% des cas dans G0 et dans 26,3%, 21,1% et 26,3% des cas respectivement dans G1).
Le tabagisme n’était pas associé à la présence de manifestations extra-articulaires (p=0,858), de coxite (p=0,979), de sacroiliite radiographique (p=0,361) et de l’ostéoporose (p=0,804).
Quant aux modalités thérapeutiques, il n’y avait pas de différence significative dans l’utilisation des AINS (p=0,693), corticoïdes (p=0,563), csDMARDs (p=0,439) et antiTNFα (p=0,919).
Conclusion :
Le tabagisme ne semble pas influencer l’activité de la maladie dans notre étude. Cependant, nous avons noté une association à des taux plus élevés de CRP. Ces résultats confirment le rôle du tabac dans l’induction et l’entretien de l’inflammation.